Suis-je libre par rapport à Dieu ?

Beaucoup craignent, si Dieu existe, de perdre leur liberté. Et cette question de notre liberté par rapport à Dieu, elle est aussi présente chez les chrétiens. Comme disait Wladimir Porech, un Russe qui avait été emprisonné pour sa foi, et qui s’était posé bien des questions dans sa prison, « les questions de l’incroyance traversent aussi le cœur du croyant. » Et les Chrétiens comme les athées ont un désir profond de liberté.

Alors, Dieu est-il un empêcheur d’être libre ?  : « De ce Dieu là, je serais également athée », me disait un ami. Mais l’image d’un Dieu dictateur est-elle une vraie ou une fausse image de Dieu ?

Un jour je me trouvais au cœur de la Sibérie, dans une salle de conférences de l’Université « Akademgorodok », à côté de Novosibirsk, la capitale économique. Akademgorodok était une université modèle : dans les années cinquante, Staline y avait envoyé la moitié de l’Académie des Sciences. Mais en cette année 1991 où le communisme s’effondrait, les étudiants étaient avides d’apprendre quelque chose sur la vie « à l’Ouest » (1) les temps changeaient. Après différentes questions des étudiants sur la littérature française (et bretonne !), commencèrent des questions plus existentielles. Je fus amené rapidement à me situer comme chrétien.

Alors un étudiant Sibérien me posa la question : « Est-ce qu’il y a beaucoup de gens comme vous à l’ouest qui ont peur de Dieu ? » Le temps que je revienne de ma surprise et lui dise que pour moi Jésus Christ était un ami (2), à son tour une étudiante me lança : « Maintenant que nous sommes libérés du Communisme, pourquoi voudriez vous que nous devenions les esclaves de Dieu » ?

Sur-le-champ, avec mon ami et traducteur Ievguéni, russe orthodoxe, nous avons répondu en parlant de l’amour de Dieu qui cherche des gens pour l’aimer et non le servir. Et puis nous avons continué le dialogue par la voie d’un petit magazine russe, « Lioubov i Istina », (« amour et vérité ») pour travailler avec ces étudiants post-communistes sibériens.

Voici une petite histoire qui représente le chemin dégagé avec eux pour comprendre qui est le Dieu des chrétiens, et quelle est notre liberté par rapport à lui :

Si un étudiant s’intéresse à une jeune fille, comment va-t-il faire pour connaître véritablement qui elle est ? Il est possible qu’il emploie pour y arriver une méthode scientifique, et pour ce faire qu’il introduise diverses données dans son ordinateur :
– C’est une femme, donc introduire un programme génétique à deux X. qui permettra de dégager les caractéristiques féminines, les circuits hormonaux, une note d’intelligence plus intuitive, et cetera.
– Ce n’est pas n’importe quelle femme, donc introduire sa date de naissance l’âge de son père et de sa mère à la date de la conception, couleur des yeux et des cheveux de l’intéressée, complet si possible, taille et poids…

Il est peu probable qu’avec ce type de méthode, malgré l’accumulation de données, de logiciels et de calculs, notre étudiant entre réellement dans la compréhension de la personne qu’il désire connaître.

Mais il pourrait aussi employer une méthode bien différente, qui consiste à demander un rendez-vous à la jeune fille. Celle-ci est libre de l’accorder.

Si elle l’accorde, au cours de la rencontre, elle est libre encore de dire quelque chose, un peu, un peu plus d’elle-même. Alors le jeune homme commencera d’entrer dans le mystère réellement unique et personnel de cette femme. Peut-il en être autrement pour Dieu ? Dieu n’est-il que le résultat de déductions logiques d’un esprit brillant ou du travail d’un ordinateur aux logiciels puissants, et bien nourri de données, qui disent : « S’il est Dieu, il est tout puissant ; donc dictateur, donc tyrannique, donc esclavagiste… » ?

Si Dieu existe, pour le connaître, il me faut lui proposer un rendez-vous afin qu’il me parle de lui. A-t-il quelque chose à me dire ?

Au cours du temps gratuit que j’accorderai à Dieu pour l’écouter se dire, voici ce qui peut arriver : « La première chose que je voudrais te dire de moi, c’est que je suis l’enfant qui vient à Noël. »

– Quoi ! diront certains, c’est invraisemblable que Dieu soit un enfant !

Si nous récusons ce que Dieu nous dit de lui parce que ça nous étonne, comment le connaître alors ? Mais si j’accepte d’accueillir cette première parole de Dieu et d’en contempler la signification, quelle perspective nouvelle s’ouvre pour moi ! Si Dieu s’est fait réellement petit enfant pour rencontre les hommes, ça veut dire quelque chose ! Celui que je voyais comme un tyran je découvre qu’il s’est fait tout petit, je peux passer à côté de lui sans le voir ! Je peux le voir et ne lui accorder aucun intérêt. Je suis libre vis à vis de lui. Que veut-il de moi alors ? Que j’aime la vérité, que je le rencontre, que je l’aime en toute liberté.

Hervé Marie Catta (1000questions.net)

(1) Novosibirsk est à environ 6.500 kms de la France.
(2) « Vous êtes mes amis, je ne vous appelle plus serviteurs… », Evangile de Saint Jean, ch. 15, v. 14 & 15.

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