Quels sont les fondements de la formation d’un séminariste ?

Père Jean-Luc Garin - séminaire de Lille- Ainsisoientils

Dans Ainsi soient-ils, tout est comme si la formation au sacerdoce n’apportait pas grand chose en humanité et qu’au contraire, il fallait entrer dans un moule,  pour devenir des fonctionnaires d’un système pré-établi, annihilant toute liberté, jusqu’au plus niveau de l’Eglise. Ainsi le Père Fromanger lui-même s’est trouvé viré du séminaire, et les cardinaux ressemblent plus à des robots qu’à de véritables personnes en chair et en os. Pas question qu’ils soient des Pères ! Or, pour le Père Jean-Luc Garin, supérieur du séminaire de Lille, la maturité humaine est le socle sur lequel doit s’appuyer toute la formation des candidats à la prêtrise. Larges extraits d’un article paru dans La Croix en 2013.

 

Quel est le profil des séminaristes qui frappent à votre porte ?

P. Jean-Luc Garin : La majorité de nos 23 séminaristes a entre 25 et 30 ans. Quelques-uns, plus jeunes, arrivent directement après leurs études. D’autres possèdent une forte expérience professionnelle (médecin urgentiste, directeur d’office de tourisme, chef d’entreprise) et deux sont âgés de plus de 50 ans. Avant d’entrer au séminaire, beaucoup ont été accompagnés, soit dans le cadre d’une année de propédeutique (discernement avant d’entrer au séminaire), soit par le service des vocations. Issus de familles chrétiennes ou venant au contraire d’un milieu très peu pratiquant et parfois pas du tout croyant, ils sont représentatifs de la diversité de leur génération.

Quels sont les fondements de la formation ?

P. J.-L. G. : Notre premier devoir est d’en faire des hommes libres et structurés, en valorisant la richesse de la relation à l’autre. Cette formation me semble capitale pour une génération qui devra inventer la manière d’exercer le ministère. Il leur faut acquérir une maturité humaine, socle sur lequel ils s’appuieront tout au long de leur vie sacerdotale. Les jeunes étant très sensibles à la nouvelle évangélisation, nous devons leur donner les moyens de rendre compte de leur foi dans le monde d’aujourd’hui.

L’un des enjeux de la vie au séminaire est de trouver une unité entre toutes les sensibilités des séminaristes, qu’ils soient « classiques », qu’ils se soient convertis au contact d’une communauté nouvelle ou qu’ils aient un parcours paroissial plus habituel. Un séminaire, c’est un microcosme de diversité ecclésiale !

À Lille, où nous accueillons aussi des jeunes venus de diocèses ruraux (Troyes, Langres, Chalons), nous devons avoir une conscience aiguë du contexte dans lequel ils seront envoyés, pour les aider à prendre la mesure du terrain dans lequel ils vont évoluer. À ce sujet, la dimension de « gouvernement » – ce que l’on appelle la « gouvernance pastorale » – est très importante, car il faut les former à collaborer de façon très étroite avec les laïcs. C’est un axe essentiel de recherche et de réflexion pour les années à venir.

Existe-il, à vos yeux, des points rédhibitoires interdisant à certains candidats de devenir prêtres ?

P. J.-L. G. : Le critère d’évaluation est très simple : le jeune homme s’épanouit-il ? Fait-il l’expérience de la joie au cours de ses stages en paroisse ? Est-il capable d’assumer le célibat, non pas dans la frustration, mais dans une forme de fécondité ? Parvient-il à entrer en relation avec tous ? Est-il susceptible de gérer des conflits ? Nous accompagnons les séminaristes pendant six ans et nous avons le temps de les connaître. Nous leur demandons de faire un choix clair.

Concernant la vie affective et sexuelle, je l’évoque de manière très franche, en prenant soin d’aborder le célibat de façon positive, et non sur le mode de la suspicion ou du contrôle. Néanmoins, il ne faut pas se voiler la face et les aider à repérer les tentations, les combats. Cela nous conduit à envisager avec eux la question de l’hygiène de vie, au sens large (surmenage, tabac, sport…).

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