Comment reconnaît-on l’appel à devenir séminariste ?

On le reconnaît à mesure qu’on découvre que l’on devient davantage soi-même en répondant à cet appel. C’est-à-dire à mesure qu’on découvre que l’appel de Dieu nous construit et  nous fait trouver notre harmonie intérieure. Cela ne peut se vérifier qu’en marchant ! On ne découvre l’appel de Dieu qu’en répondant à un premier appel et ensuite à un deuxième et ensuite à un troisième… Ce travail ne peut pas se faire tout seul : si on mijote ça tout seul, on peut être dans l’illusion complète. Il faut qu’il y ait un tiers, un interlocuteur, un père spirituel. Si on découvre avec lui que notre engagement hypothétique (« si Dieu m’appelle ») provoque le trouble, la tristesse, les regrets, ne construit pas quelque chose, ne me fait pas trouver ma place, ne me rend pas heureux, c’est que ce n’est pas mon appel. Si, au contraire, quand j’envisage cette hypothèse,
je me sens de plus en plus à l’aise, de plus en plus moi-même, de plus en plus entreprenant, de plus en plus motivé, de plus en plus joyeux, c’est la route ! Ce n’est pas sorcier, c’est une question de bon sens.

Cette conscience d’être là où je dois être, se vérifie, se renforce, s’approfondit dans le dialogue personnel avec le Christ. Saint Ignace de Loyola qui a été un grand spécialiste du discernement, explique cela; quand il raconte sa vie, il dit : « quand je pensais aux grands saints, qui ont vécu des choses extraordinaires, je me disais : ah si je faisais comme Saint François ou comme Saint Dominique ! Et plus je pensais à faire ça, plus j’éprouvais de la joie. Au contraire, quand je pensais à d’autres modes de vie (dans son milieu, il était courant d’être courtisan ou militaire ou grand chef de la noblesse espagnole), cela provoquait en moi de la tristesse ». C’est comme ça qu’il a appris petit à petit ce qu’était le discernement avec une règle générale : quand on va de mieux en mieux, la joie est le signe qu’on est dans le bon chemin. Quand on va de mal en pis, la joie est le signe qu’on n’est pas dans le bon chemin. Cela veut dire qu’avant de discerner, il faut savoir si on va de mieux en mieux ou de mal en pis ! Autrement dit, au moins réfléchir et si possible, purifier notre désir, pour que ce que nous désirons soit vraiment ce que Dieu veut. Et donc progresser dans notre délivrance, dans notre libération par rapport à tout ce qui entrave notre générosité personnelle.

Réponse de Mgr André Vingt-Trois, cardinal de Paris, le 13 mars 2010 lors de la veillée de prière à Saint Germain des Prés.

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