Ainsi soient-ils saison 2 : l’avis de La Croix


La Croix - Ainsi soient-ils

En rassemblant chaque semaine près de 1,5 million de téléspectateurs en octobre 2012, la série Ainsi soient-ils avait constitué une divine surprise pour Arte, son diffuseur. On comprend que la chaîne franco-allemande ait aussitôt lancé une deuxième saison, qui arrive dès le 2 octobre sur les écrans, et même une troisième, actuellement en tournage…

Revoici donc José, Guillaume, Yann et Raphaël qui tentent de poursuivre au séminaire des capucins leur parcours vers la prêtrise. Leur nouveau supérieur, le P. Bosco, qui a remplacé le P. Fromenger (lequel, verra-t-on, n’a pas totalement disparu…), doit lutter à la fois contre le tempérament de ses protégés et contre une méchante tumeur au cerveau dont il a bien du mal à cacher l’existence. Ce combat douloureux, qui le livre à de terribles tourments et à de cruelles souffrances, est symptomatique des affres traversées par chaque personnage, conférant à la série une tonalité bien sombre dont elle ne se départit pas.

Entre caricature et profondeur psychologique

À la Conférence des évêques de France, aussi, les catastrophes s’accumulent puisque son nouveau président, Mgr Poileaux – incarné par l’excellent Jacques Bonnaffé, qui remplace le regretté Michel Duchaussoy, décédé peu après le tournage de la première saison –, doit faire face à une situation financière désespérée. Les scénaristes semblent avoir trouvé un plaisir certain à dépeindre de nouveau, et de manière tout aussi caricaturale qu’il y a deux ans, une hiérarchie catholique aux abois, composée d’êtres ambitieux, vils et calculateurs.

Fort heureusement, ils se montrent plus inspirés dans la manière dont ils abordent l’évolution des séminaristes et les réactions de leurs formateurs. Toujours aussi nerveuse et soignée dans sa réalisation – signée Rodolphe Tissot –, la série gagne en profondeur psychologique. « Nous voulions que les séquences prennent leur temps, creusent les problématiques : parler de moins de choses mais de manière plus fouillée », indique David Elkaïm, l’un des quatre créateurs de Ainsi soient-ils. L’un de ses complices, Vincent Poymiro, ajoute : « Nous avons décidé d’accompagner les séminaristes en partant d’où ils étaient restés en fin de saison 1 en les confrontant à nouveau à leurs démons intérieurs, leurs failles, leurs doutes. 

Des comédiens très justes

Malgré une surexploitation des interrogations sexuelles et affectives, la série met bien en lumière la grandeur et la rudesse d’un choix radical de vie auquel rien ne prépare dans la société. Elle s’appuie dans cette entreprise sur des comédiens au jeu juste, qui campent avec conviction de jeunes hommes animés d’un idéal et soucieux d’exprimer leur foi en un Dieu d’amour.

S’il serait injuste de ne pas mentionner Clément Roussier, Samuel Jouy et Clément Manuel, saluons toutefois la performance de Julien Bouanich : son personnage de Yann, ancien scout pétri de justice et de candeur, confronté aux rigueurs d’une institution très humaine, est sûrement celui qui résonne le plus avec une certaine réalité…

Bruno Bouvet (La Croix)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *