Ainsi soient-ils : le célibat est anti-naturel, les prêtres sont des frustrés ?

Ainsi soient-ils - Père Bosco et Mgr Poileaux

Dans les saisons 1 et 2 d’Ainsi soient-ils, les séminaristes ne peuvent résister à leurs pulsions naturelles. L’abstinence, ce n’est humainement pas possible, surtout quand on est jeune ! Et il faut forcément, pour être équilibré, avoir des relations sexuelles régulières… Donc le célibat est anti-naturel, les prêtres sont des frustrés ! Ce raccourci frôlant le sophisme, nous répondons à cette question. 

Notre époque décomplexée vis-à-vis du sexe a été qualifiée d’aphrodisiaque par le cardinal Lustiger, ancien archevêque de Paris. L’intimité sexuelle est de moins en moins taboue et de plus en plus montrée : télévision, presse, cinéma, propos entre amis, attitude des amoureux…

Dans cet environnement, il nous est difficile de comprendre que des gens puissent s’engager volontairement au célibat et faire vœu de chasteté pour la vie. Pourtant, ces hommes et ces femmes existent. Ce sont les prêtres, les moines et les religieuses.

La société a tendance à juger mal ce qu’elle ne comprend pas. Oui, ces personnes ont fait un sacrifice très beau. Ce n’est pas parce que nos motivations sont différentes que nous devons critiquer ou rabaisser ce sacrifice. La vraie question qui peut se poser est la suivante : est-on obligé d’avoir une vie sexuelle pour être heureux ? Pour être considéré comme ‘’normal’’ ? Rappelons que la liberté sexuelle contient aussi la possibilité de ne pas avoir de sexualité, délibérément. Et ce choix n’est pas inférieur aux autres.

Certes, les prêtres sont des hommes de chair et de sang et de désir. Il doit bien leur arriver de temps à autre d’éprouver des pulsions. Il serait cependant bien insultant pour eux de considérer qu’ils n’ont le choix qu’entre la satisfaction brutale de leur désir ou la frustration du manque et le déséquilibre psychologique qui en résulte.

Nous-mêmes laïcs, fonctionnons-nous ainsi ? Que nous soyons célibataires ou mariés, il nous arrive aussi d’avoir des pulsions que nous ne pouvons assouvir. Sommes-nous pour autant de dangereux frustrés ? Non, bien sûr. Nous surmontons la plupart de nos pulsions car nous ne sommes pas des animaux : nous raisonnons.

Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de relations sexuelles au moment opportun ! Bien au contraire.

Un prêtre n’est pas plus bête qu’un laïc et, qui plus est, il est mieux doté spirituellement pour surmonter ce genre de frustration. Un laïc frustré peut devenir violent ou aigri parce qu’il souffre de ne pouvoir atteindre la plénitude de ce pourquoi il fait, sa vocation naturelle à l’engendrement d’une famille. Il peut cependant offrir sa souffrance d’être célibataire, comme tout chrétien. Le prêtre sublime justement son passager désarroi en épreuve spirituelle, c’est à dire en offrande, en sacrifice offert à la personne du Christ, parce qu’un jour – celui de son ordination – il a choisi de se mettre définitivement à sa suite, pour l’aimer, le servir, l’annoncer, prodiguer les sacrements, bref être un autre Christ.

Alors, oui, le célibat des prêtres pèse sûrement parfois sur eux. Mais, n’est-ce pas plus la dimension affective (soutien, entraide, présence de l’autre) que la dimension sexuelle qui leur manque ? Arrêtons de considérer les prêtres comme des immatures ou des frustrés : ce sont des gens qui ont pris du recul vis-à-vis de la sexualité et qui gèrent cela sûrement mieux que beaucoup de laïcs qui en sont, parfois, esclaves.

 

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